Devenir écrivain public

L’an 1. Écrivain public depuis un an.

Pierre LEGRIX. Écrivain public.

code5102ab9647b1cd2e51e8aa6fdbcb0965f6fb355baf31e

La plupart du temps, lorsque j’annonce l’intitulé de mon métier, cela suscite dans le meilleur des cas l’intérêt, souvent l’interrogation, et parfois même le cynisme. J’aime à me dire que pour ce dernier, c’est la jalousie qui parle, comme tout le monde se le dit lorsque l’on ne se sent pas suffisamment sûr de soi.

Je suis écrivain public.

Ce métier n’est pas mon activité principale, mon premier métier c’est prof, prof de Français, de Latin et de Grec. Grâce à mon statut d’enseignement particulier, je peux m’adonner à une seconde activité professionnelle, j’ai choisi de créer mon autoentreprise d’écrivain public. Je ne voulais pas être de ceux qui alimentent sans cesse les forums Internet des professeurs contractuels autoproclamés « précaires de l’Éducation Nationale », j’ai choisi de ne pas jouer à ce jeu-là.

On m’avait déjà parlé de la création d’entreprise, on m’avait aussi assuré qu’à mon « jeune âge » cela ne devrait pas poser de problème de se lancer dans le grand bain et d’être mon propre patron. Naïvement je croyais faire partie d’un petit nombre d’hurluberlus voulant vivre de liberté d’entreprendre et d’eau fraîche.

Dès le début, l’autoentreprise me semblait être la meilleure solution et en quelques clics étrangement simples mon entreprise était créée et moins de quatre jours plus tard je recevais par courrier postal (sensé être plus sécurisé qu’un email) mon numéro Siret.

Ce jour-là ma femme me regarda, amusée et m’annonça que j’étais désormais un « patron ».

Moi, patron…

Je suis un patron, sans salarié, sans bureau, sans cabinet, à mi-temps, et sans connaissance particulière en gestion comptable, en finances ou en communication.

Je ne sais plus quelle bonne âme m’avait conseillé de choisir le prélèvement libératoire ; « Tu verras, c’est plus simple, ça permet de ne pas mélanger tes impôts personnels et les impôts de ton autoentreprise. » C’est à la fois le seul et le meilleur conseil que j’ai reçu.

Pour commencer mon activité, j’ai dû trouver un nom, une appellation, une « façade » pour héler le client. J’ai choisi le mot que je préfère dans la langue française : Nonobstant. J’ai toujours trouvé le son de ce mot parfait, équilibré, orgueilleux sans être fier.

Nonobstant, écrivain public à Nantes. Je ne me doutais pas encore que ces quelques mots j’allais avoir à les écrire tous les jours. Je le fais encore aujourd’hui. C’est la première étape, c’était il y a un an maintenant.

C’est avec passion que j’ai vécu cette année, et c’est avec passion que je me lance dans celle qui arrive. En janvier dernier je lançais mon activité, inscription en ligne, appellation de l’entreprise, choix des locaux, c’est depuis le petit bureau de mon appartement nantais que je dirige mon autoentreprise.

 Un bureau de bois clair, un ordinateur portable, une ramette de papier 90 grammes, quelques bons stylos Bic. Les frais de lancement sont limités. C’est une bonne chose. J’avais déjà chez moi tout ce matériel, il ne me restait plus qu’à me rendre visible aux yeux de mes potentiels clients.

Avec une formation littéraire je ne savais, très honnêtement, pas par quoi commencer. J’ai ouvert un livre de comptes, créé un patron Word pour mes devis et mes factures, et j’ai commencé à réfléchir à un logo.

Par chance, mon frère étant graphiste, il me proposa très vite de créer ce fameux logo, et de me fabriquer ce que l’on appelle une « identité visuelle » dans le métier, une forme de charte graphique de l’entreprise, il faut être reconnu d’un coup d’œil surtout lorsque l’on se propose d’écrire pour ceux qui n’aiment souvent pas lire.

Un vieux métier et Internet.

Même si le métier d’écrivain public doit être au moins aussi vieux que celui de prostituée, lorsque l’on est entrepreneur au XXIe siècle il faut avoir un site internet (même ces dames à louer sont présentes « online » apparemment). Ne connaissant aucun créateur de site, et ayant vu le prix des webdesigners sur le marché virtuel, j’ai décidé d’essayer de créer moi-même mon site internet pour réduire les risques d’un échec dans ma création d’entreprise.

PHP, HTML, CSS, balises méta, référencement, SEO. Autant de vocabulaire barbare pour un littéraire, sémantique qui me parle néanmoins un peu plus qu’il y a un an.

Quelques semaines plus tard, mon site (la première version, il y en a eu au moins 5, en fonction de mes petits progrès en la matière) était en ligne et prêt à envoyer mes premiers clients vers mon numéro de téléphone ou vers mon courriel.

Quelques semaines plus tard, au bon vouloir de l’algorithme Google, qui choisit si votre site mérite d’être sur la première page ou sur les inutiles suivantes, ma première cliente m’appelle, une charmante petite dame de 65 ans qui souhaitait écrire un passage de sa vie, un souvenir d’été dans les années 50, au souvenir de feu son mari qui domptait avec elle les rivières du sud de la France sur le dos d’un canoë en bois.

Quelques jours plus tard, un autre coup de téléphone, un homme que je comprenais avec difficulté souhaitait que nous nous rencontrions pour rédiger son CV. Le lendemain, une journaliste du « Ouest France » répond à ma demande de contact et me propose même un encart dans son journal. Une semaine plus tard, un jeune réalisateur de films promotionnels me propose de faire une courte vidéo de mon activité et ensuite de la publier en ligne. C’est surpris aujourd’hui que j’observe le nombre de « vues » passer au-delà des 10.000.

Dès lors, je suis contacté pour un projet une bonne vingtaine de fois dans le mois, souvent pour des demandes de devis. Je ne m’étais pas vraiment préparé à cela et il m’arrive, comble du luxe, de refuser des projets, ma priorité allant à mon emploi du temps de professeur de Lettres Classiques.

Écrivain public, un métier d’avenir ?

Je ne sais pas si je peux dire qu’être écrivain public en 2014 c’est un « emploi » d’avenir. Je n’ai peut-être pas encore suffisamment de recul. Je me demande actuellement si, en travaillant davantage sur ma communication, je pourrais vraiment en vivre.

Depuis que mon site est arrivé en première page de Google sur mes mots clés principaux, je reçois de plus en plus d’appels et de courriels, de France, de Suisse, d’Allemagne, du Canada… Les particuliers ne sont plus les seuls à se renseigner, les entreprises arrivent et demandent, pour le moment, des devis elles aussi.

L’année 2013 était pleine de promesses, quid de 2014 ?

About the author

Fondateur de Nonobstant, écrivain public à Nantes.
Professeur de Français, de Latin et de Grec.
Formateur éloquence pour l'Académie de Nantes

Commentaires

  1. Bonsoir,
    Je souhaiterai faire la formation du CNED pour devenir écrivain public.
    J’aurais voulu savoir si, pour commencer, on peut se faire payer par chèques emploi service.
    Peut-être le savez-vous….
    Merci et cordialement
    Severine

    1. Bonsoir,
      Cela semble assez facile de se faire payer par ce biais, une simple inscription sur http://www.cesu.urssaf.fr avant de déclarer chaque paiement.Pourtant il me semble que le statut d’autoentrepreneur serait tout aussi avantageux pour vous, et tout aussi facile à créer (petit conseil, il faut choisir le prélèvement libératoire pour éviter de mélanger vos impôts personnels et les impôts de votre autoentreprise).
      Bien cordialement,

  2. Bonjour, que pensez-vous des formations dispensées par le CNED ou le CNFDI ? Il y a des universités qui proposent des formation mais il n’y en a que trois (Paris, Limoges et une dans le sud dont j’ai oublié le nom) mais étant handicapée, je ne peux me déplacer.
    Merci
    FC

  3. Bonjour,
    Êtes-vous fonctionnaire titulaire? Si la réponse est oui, avez-vous eu besoin de demander une autorisation de cumul d’emploi à votre hierarchie ?
    Merci pour les informations présentes sur votre site. Au passage, il est très bien réalisé.

Laisser un commentaire

css.php