Toi aussi, mon fils ?

« Toi aussi, mon fils ! », c’est la première phrase qu’on me lance au visage avec fierté lorsque j’annonce mon métier principal de prof de français, latin et grec ancien. Tu quoque mi fili, comme une gloire, un aboutissement de 3 années de latin tout au plus.

Triste souvenir d’un 15 mars 44 avant notre ère où Jules César eut la douloureuse surprise de voir Brutus (son fils illégitime) parmi ses assassins : quoi de plus connu donc ? Tellement connu, en fait, que nombre d’entre nous sont encore persuadés que la phrase fut prononcée en latin par exemple.

D’abord, comme nous l’indiquent les deux auteurs qui nous les rapportent, Suétone et Dion Cassius (moins illustre que le précédent pour le commun des mortels), les ultima uerba (les derniers mots) du dictateur ont été prononcées en grec (καὶ σὺ τέκνον) et pas en latin. Première erreur.

Faut il alors croire que Jules, sur le point de rendre son dernier souffle, se souvient des ses prestigieuses études et balance consciencieusement ses derniers mots en grec ?

Du tout, Jules César se rappelle simplement la langue de son enfance, comme pour tous les romains « de la haute », langue qui était le grec, comme on apprend aujourd’hui l’anglais très tôt à ses enfants sous prétexte de les préparer à leur vie future de dirigeant d’une entreprise internationale.

Les derniers mots de César ne furent en aucun cas sentimentaux – il est d’ailleurs impossible d’imaginer un seul instant un aveu de faiblesse dans la bouche du « boucher d’Alésia »… Ils contenaient un message très précis, ici, une malédiction pour tous, même son bâtard.

About the author

Fondateur de Nonobstant, écrivain public à Nantes.
Professeur de Français, de Latin et de Grec.
Formateur éloquence pour l'Académie de Nantes

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